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Engrais verts

La culture d'engrais verts est une pratique très ancienne : les Grecs plantaient des fèves dans leurs champs, les Romains cultivaient des haricots et du lupin pour enrichir le sol, et les Chinois connaissaient la valeur fertilisante de l'herbe et des mauvaises herbes.[[WARMAN , P . Prof. " Principes fondamentaux de la culture d'engrais vert ", Ressources du sol et de la terre, Ministère des ressources renouvelables. 1981.]] Les engrais verts sont une méthode efficace pour améliorer la fertilité des sols, et leur utilisation intensive peut même éliminer la nécessité de recourir à des sources extérieures d'engrais.

Voir aussi : Le guide des engrais verts du Réseau véganique biologique.

Très simplement, les engrais verts sont des plantes cultivées dans le but d’être coupées et enfouies. Cela peut sembler étrange à première vue, mais les engrais verts offrent de nombreux avantages :

  • Évitez les sols nus: Les engrais verts peuvent couvrir le sol alors qu’il serait autrement nu, réduisant ainsi les fuites d’éléments nutritifs, l’érosion et le compactage du sol.
  • Stimuler la vie du sol: les organismes du sol sont stimulés autour des racines des plantes d’engrais vert en développement, et les résidus végétaux nourrissent les vers de terre et les micro-organismes lorsque l’engrais vert est coupé.
  • Nutriments et biomasse: Selon la variété, les engrais verts peuvent avoir les effets suivants : fixer l’azote, rendant l’azote de l’air accessible aux plantes et au sol ; créer une biomasse importante, conduisant à un humus stable ; et rendre les nutriments disponibles en puisant en profondeur et en décomposant la structure rocheuse sous-jacente.
  • Réduire les mauvaises herbes: un semis dense de plantes à croissance rapide peut étouffer ou empêcher le développement des mauvaises herbes ; certaines plantes (comme le seigle) produisent dans leurs racines des substances qui réduisent la germination d’autres graines.
  • Améliorer la structure du sol: les racines et les micro-organismes construisent des agrégats (structure friable) qui maintiennent les particules du sol ensemble et améliorent l’aération.
  • Améliorer le drainage: les racines de l’engrais vert et l’activité des vers de terre améliorent le drainage du sol.
  • Améliorer la rétention d’eau: les engrais verts améliorent la structure du sol et augmentent les matières biologiques, ce qui permet une meilleure rétention d’eau.
  • Améliorer la diversité biologique: en augmentant la diversité des plantes grâce aux engrais verts, vous attirerez et accueillerez une plus grande diversité de faune et d’insectes bénéfiques.
  • Augmentation des rendements: grâce à l’amélioration de la structure du sol et à l’augmentation de la matière biologique qu’apportent les engrais verts, il est possible d’obtenir de meilleurs rendements en utilisant moins d’intrants et en réduisant les dépenses.

Quelles plantes ?

Toute plante peut servir d’engrais vert. Les graines anciennes ou indésirables peuvent être semées comme engrais verts, et les plantes qui en résultent peuvent être coupées et incorporées au sol. Les plantes potagères qui sont en surabondance dans le jardin peuvent être utilisées, et même les mauvaises herbes auront un impact bénéfique sur le sol si nous les coupons avant qu’elles ne fleurissent. Néanmoins, certaines graines que l’on peut trouver chez les marchands de graines, dans les jardineries et les coopératives agricoles auront un impact particulièrement positif lorsqu’elles seront utilisées comme engrais vert :

Remarque : les dates de semis dépendent de votre biorégion. Consultez les ressources locales pour connaître les dates de semis appropriées. Les dates suivantes sont basées sur le climat du Québec, Canada.

Les graminées (seigle, avoine, ivraie, millet japonais, sorgho, sarrasin) s’établissent rapidement et vigoureusement. Leur système racinaire dense (avec une multitude de petites racines dans les premiers centimètres du sol) absorbe rapidement les nutriments et favorise la formation d’une structure de sol friable. Les graminées ont l’avantage de pouvoir être semées plus tard en automne (jusqu’au moment des premières gelées). Les légumineuses (trèfle, luzerne, mélilot, féverole, lotier) peuvent fixer l’azote jusqu’à 150 kg/ha grâce aux bactéries (rhizobia) qui s’associent à leurs racines. Un engrais vert de légumineuses produisant 3000 kg/ha de matière biologique contient environ 90 kg d’azote, dont jusqu’à 90 % sont prélevés dans l’air via la fixation de l’azote. (CPVQ 2000). Les bactéries rhizobiennes entretiennent une relation symbiotique avec les légumineuses. Elles vivent dans les racines des plantes, prélèvent une petite quantité de sucres et fournissent à leur tour aux plantes une forme d’azote utilisable. Les bactéries rhizobiennes vivent naturellement dans un sol sain et établissent une relation avec les légumineuses lorsqu’elles sont plantées, bien que dans certains cas, il soit plus efficace d’inoculer les graines avec les bactéries au préalable. Vous pouvez planter jusqu’au mois d’août. Les crucifères (famille du chou) (moutarde blanche, vesce velue, radis oléagineux, colza) sont robustes et produisent une biomasse importante. Elles poussent plus longtemps à l’automne, mais doivent être semées quelques semaines avant les premières gelées. Phacélie Parmi les autres espèces populaires, la phacélie est une plante mellifère, produisant des fleurs appréciées des pollinisateurs. Elle apporte également une diversification des familles de cultures dans la rotation (famille des Boraginacées). Les plantes vivaces (trèfle violet, mélilot, seigle d’hiver) ont l’avantage de survivre à l’hiver. Elles repousseront avec une longueur d’avance au printemps et auront le temps de développer un système racinaire plus profond, capable de faire remonter les éléments nutritifs à la surface. Ces systèmes racinaires contribuent également au décompactage du sol et au maintien d’une faune et d’une flore actives tout au long de l’année. Les mélanges d’espèces différentes peuvent apporter les avantages de plusieurs types de plantes. Dans un mélange graminées-légumineuses, les graminées absorberont rapidement l’azote du sol, ce qui obligera la légumineuse à fixer davantage d’azote de l’air pour répondre à ses propres besoins. Les mélanges permettent également de prolonger la période de végétation, comme un semis de fin d’été de sarrasin associé à une crucifère : la crucifère continuera à pousser après que le sarrasin ait été tué par les premières gelées.

Quand et où ajouter des engrais verts

Les engrais verts peuvent être introduits dans un système de culture à différents moments de la saison :

  • Succession: le semis est effectué avant ou après la culture principale. Une culture qui se termine tôt (ex. blé d’hiver, chou d’été) laisse suffisamment de temps pour établir un engrais vert avant l’arrivée de l’hiver. C’est très utile pour les exploitations qui n’ont pas le temps ou la terre pour une année complète d’engrais vert. À l’automne, ils servent également de cultures de couverture pour prévenir l’érosion et les fuites d’éléments nutritifs.
  • Cultures intercalaires: l’engrais vert est cultivé entre les rangs ou directement sous la culture principale (sous-semis). Une pratique courante consiste à semer du foin et une céréale d’été en même temps. Après la récolte de la céréale, le foin poussera pleinement. Dans les cultures binées, il est possible de semer à la volée lors du dernier binage. Un mélange de ray-grass/trèfle rouge peut être implanté dans le maïs à la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet. Pour les légumes (ex. chou, tomate, poivron), une fois que les plants sont bien installés (environ 2 semaines), ils s’associent bien avec le trèfle blanc nain. Les allées peuvent également être ensemencées (ex. trèfle rouge entre les bandes du paillis plastique pour les oignons).
  • Saison complète: l’engrais vert occupera la zone pendant un an ou plus. Cela permet de reconstituer la fertilité (en particulier dans les sols pauvres) ou de préparer de nouvelles terres. Nous le couperons ou le faucherons une ou deux fois au cours de la saison. Si nécessaire, il peut servir de matériau de compostage ou de paillage. Même si l’engrais vert est récolté de cette manière, il laissera un système racinaire important dans le sol (15 à 30 % de la biomasse totale des plantes se trouve dans le sol). A terme, ce qui a été prélevé devrait revenir sous forme de compost.

Comment planter des engrais verts

Mise en place d’un engrais vert:

  • Le terrain doit être exempt de mauvaises herbes. S’il y a beaucoup de plantes vivaces (p. ex. chiendent), une jachère d’environ quatre semaines doit être effectuée pendant une période chaude et sèche de l’été. Il s’agit d’un passage régulier (chaque semaine) avec une charrue à chisel ou un cultivateur lourd pour exposer les racines au soleil et forcer les graines de mauvaises herbes à germer, de sorte que les mauvaises herbes puissent être éliminées avant l’ensemencement de votre engrais vert.
  • Les semences d’engrais verts doivent être réparties uniformément pour assurer une couverture complète et uniforme.
  • S’il y a un ajout de compost, il est appliqué avant l’ensemencement.

Enfouissement d’un engrais vert

  • Utilisez une charrue à chisel, un cultivateur lourd, des instruments rotatifs, une herse ou même un labour peu profond (moins de 20 cm).
  • Les engrais verts annuels détruits par l’hiver peuvent être enfouis au printemps suivant.
  • En sol argileux, il est conseillé d’enfouir l’engrais vert à l’automne afin de profiter de l’effet du gel/dégel. Cette opération doit toutefois être effectuée lorsque la température du sol est inférieure à 10°C.
  • Lors de l’enfouissement, il faut éviter de travailler le sol dans des conditions humides pour éviter le compactage.
  • Pour une décomposition plus rapide, l’engrais vert peut être coupé ou fauché.
  • Dans un jardin, l’utilisation d’un tracteur marcheur (rotoculteur à chenilles) facilite le travail. Toutefois, il est possible d’éviter d’enfouir l’engrais vert en le recouvrant d’un paillis (carton, foin, plastique) de l’automne au printemps.

Culture sur des sols non cultivés

Pour démarrer un nouveau sol et lutter efficacement contre les mauvaises herbes, la technique suivante avec des engrais verts peut être efficace : une jachère en juin, suivie d’un engrais vert de sarrasin enfoui en juillet après 5 à 6 semaines de croissance, puis suivi d’un engrais vert de seigle d’hiver. Cette méthode est aussi un bon moyen de connaître le terrain en observant la croissance des plantes : voir les zones plus fertiles, les sols plus pauvres, les zones humides. Au final, même si l’implantation d’engrais verts engendre des dépenses, il s’agit d’une pratique gagnante puisqu’elle permet de réduire les besoins en intrants extérieurs à l’exploitation, tout en retenant les éléments nutritifs, en apportant l’azote de l’air et en rendant les minéraux solubles. L’amélioration de la vie et de la structure du sol se traduit également par une augmentation des rendements. Comme le dit Iain Tolhurst[[First stockfree certified farm in United Kingdom based solely on green manures for its fertilization.]], « la question n’est pas d’apporter suffisamment d’éléments nutritifs dans les champs, mais plutôt de ne pas perdre les éléments nutritifs qui s’y trouvent déjà ». Et les engrais verts remplissent cette fonction à merveille.

L’importance des prairies

Grâce à leur diversité biologique et à l’abondance de racines plus anciennes, les prairies ou les engrais verts à long terme (plus d’un an) créent une épaisse couche de matière biologique dans les premiers centimètres du sol. Ce gazon contient une abondance de nutriments et fixe l’azote (en présence de légumineuses). Un mélange d’avoine, de dactyle, de brome, de festuca et de trèfle peut contenir jusqu’à 203 kg/ha d’azote [[La France, Maynard et Laverdière Recherche sur l’intensification des engrais verts en culture maraîchère (rapport en préparation)]]. Les engrais verts de courte durée se décomposent très rapidement, ce qui est favorable à la vie du sol et permet d’y ramener des éléments nutritifs. Cependant, avec les engrais verts de courte durée, il n’y a pas de véritable accumulation de matière biologique dans le sol. Seuls les matériaux fibreux ont cette propriété (comme les petites branches qui sont décomposées par le champignon Basidiomycota). Ainsi, en attendant que le bois raméal fragmenté devienne une pratique courante en agriculture, les prairies représentent une bonne alternative si l’on veut maintenir la santé des sols à long terme sans gaspiller le capital agricole ou importer celui d’autres agriculteurs (ex. compost produit à l’extérieur de l’exploitation).

Ressources

Réseau véganique biologique, Guide des engrais verts

CPVQ. « Engrais verts et cultures intercalaires » dans Guide des pratiques de conservation en grandes cultures. Québec, 2000. LAFRANCE, Denis. « Les engrais verts et la gestion des mauvaises herbes en culture maraîchère  » dans La culture des légumes.

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