Pour commencer, examinons la prétendue nécessité d’utiliser du fumier. L’agro-industrie (dont la serriculture) montre clairement qu’il est possible de cultiver des aliments sans fumier. La nourriture est produite en utilisant des produits chimiques pour la fertilisation, ou même sans sol à l’aide d’aliments liquides dans la culture hydroponique. À l’autre extrémité du spectre, si nous regardons un système naturel comme une forêt, les plantes poussent à merveille sans l’ajout délibéré de fumier.
Le fumier d’élevage n’est pas nécessaire pour la production agricole. Si les fermes biologiques ont accès à ces grandes quantités de fumier, c’est en raison de la forte consommation de produits animaux en Amérique du Nord. Cette consommation implique une grande quantité d’animaux d’élevage, et par conséquent une abondance de déjections animales. Le fumier utilisé pour la production alimentaire biologique provient souvent d’animaux non-biologiques élevés dans des conditions inhumaines et exposés à des contaminants comme les pesticides, les antibiotiques, et les organismes génétiquement modifiés (OGM). C’est le cas du fumier de poulet provenant d’élevage industriel et utilisé sous forme de granules séchées, mais non-composté.
En fait, le fumier n’est en aucun cas le moyen le plus efficace ni la source la plus écologique de fertilisation pour les cultures biologiques. Il serait plus efficace d’utiliser directement le fourrage pour fertiliser le sol plutôt que de nourrir les animaux, ramasser le fumier, le composter, le transporter et l’épandre sur le sol. En utilisant des fertilisants à base de végétaux à la place du fumier, les agriculteurs peuvent entretenir la fertilité à même leurs terres et ainsi utiliser des fertilisants qui n’ont pas été exposés aux contaminants agricoles couramment utilisés.
Au lieu d’ajouter du fumier dans le sol, on peut ajouter des fertilisants à base de végétaux comme les paillis, les engrais vert, le compost végétal et le bois raméal fragmenté (BRF). Ceci fournit la nourriture pour la multitude d’organismes qui vivent dans le sol. La matière organique est décomposée et digérée par les vers de terre, les arthropodes, les champignons et les bactéries, rendant ainsi les nutriments disponibles pour les plantes. Autrement dit, du «fumier» est présent dans le sol, mais il vient naturellement comme sous-produit de cette faune qui y vit en liberté.