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Mouvement japonais Shumei: agriculture naturelle au delà du bio

Nous connaissons peu l’agriculture japonaise, et encore moins les mouvements d’agriculture alternatifs. En 2004, l’Institut américaine Rodale envoyait la journaliste Lise Hamilton pour faire découvrir à l’Occident l’agriculture naturelle Shumei. Alliant spiritualité et agriculture, ce mouvement réinvente la notion d’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) tout en vénérant la nature.

Fondé au cours des années 30 par Mokichi Okada, le mouvement Shinji Shumeikai (ou Shumei) repose sur trois dimensions : la beauté, la spiritualité et la nature. Pour eux, la beauté, qu’elle soit naturelle ou créée par les humains, peut éveiller l’esprit à un plus haut niveau de vitalité; la paix dans le monde présuppose le bonheur de ses citoyens; un écosystème aussi généreux que notre planète mérite d’être traitée avec gentillesse et respect.

L’intérêt profond qu’ils témoignent envers la santé de la planète s’illustre par leur dévouement envers l’agriculture naturelle. Plus une philosophie qu’une méthode culturale, elle repose sur « la compréhension des subtiles relations physiques et spirituelles entre tous les éléments impliqués dans la culture : la terre, le soleil, la pluie, le vent, l’agriculteur, les gens qui consomment cette nourriture, et la société dans laquelle ils vivent. Son but est la recherche de la santé et le bonheur de tous ces éléments. » Les principes de l’agriculture naturelle se rapprochent du concept de Tairwa, des jardins autofertiles ou de l’agriculture végétalienne.

Pour un agriculteur, la première étape consiste à éliminer tout additif : pesticide, engrais synthétique, fumier animal, bacillus thuringiensis, soufre, vinaigre… Pour eux, tout cela ne se retrouve pas naturellement, ou en si grande quantité, dans la nature. Ainsi, la nature posséderait déjà tout ce qui lui est nécessaire, et la tâche de l’agriculteur consisterait à optimiser les conditions pour qu’il en soit ainsi. Bien que le compost reste utilisé, ce n’est pas pour ses nutriments, mais pour garder le sol chaud, humide et friable qu’on l’utilise. Celui-ci se compose de matériaux locaux (feuilles, herbes, brindilles) et ne contient aucun produit animal. Les semences utilisées sont exceptent de manipulations génétiques, et la priorité est aux variétés anciennes, en évitant les hybrides.

Cela peut paraître contraignant ou un peu productif, pourtant, en 2004, ils étaient 1290 fermiers à partager cette philosophie, et ils sont encore trop peu pour suffire à la demande des gens. Selon Hamilton, les producteurs sont rarement seuls au marché ou dans les champs puisque les partenaires, tous membres de Shumei, sont tout aussi dévoués à l’agriculture spirituelle. Ils deviennent plus qu’un simple acheteur de paniers, certains organisant un ASC, d’autres aidant à désherber, ou encore devenant parfois eux-mêmes agriculteur.

Le réseau de distribution de l’organisation permet de vendre les aliments à d’autres groupes ailleurs au pays lorsqu’il y a des surplus localement. Ainsi, dès qu’un agriculteur adopte pleinement l’A.N., il s’assure un marché pour ses produits. Ses partisans désirent créer un tout nouveau système de production alimentaire où l’esprit est la priorité, plutôt que les finances. Ceci est significatif considérant les habitudes japonaises à rechercher la perfection esthétique des aliments dans les supermarchés.

Comptant plus 300 000 membres à travers le monde, la majorité au Japon, ce mouvement s’inscrit dans un contexte où, comme ici, cultiver des aliments fait partie de la vie de moins en moins de gens, et où chaque nouvelle génération perd de plus en plus contact avec l’origine de ce qu’elle mange. Ainsi, tous les membres sont invités à faire pousser une partie de leur nourriture pour vivre cette relation avec le vivant, l’alimentation et la nature. Avec les années, constatant l’intérêt et le désir des membres à vivre cette reconnection, plusieurs fermes d’agriculture naturelle se sont transformées en centre de formation.

Au Japon, une ferme typique représente environ un quart d’acre. Encore aujourd’hui, un agriculteur à temps plein risque d’avoir 3 acres au total, et ceux-ci séparés en propriétés pouvant être distantes de plusieurs kilomètres. Avec 29% de cette petite île habitable et 16% de cultivable, nous sommes loin des grandes plaines de l’Ouest canadien.

Plus près de nous, l’Institut Rodale aux États-Unis collaborent depuis plusieurs années avec la fondation Shumei pour le développement d’une agriculture régénérative. Dans l’état de New York, on retrouve aussi la fondation Catskill Mountain, une ferme et un centre éducatif qui applique les principes de l’agriculture naturelle.

Pour approfondir
Shumei Natural Agriculture, www.shumei-na.org
Fondation Shinji Shumeikai, www.shumei.org
Série de reportages de l’Institut Rodale : on web archives
Fondation Catskill Mountain, www.catskillmtn.org
Vidéo « Le Monde de la Terre », disponible auprès de Nature-Action, www.nature-action.qc.ca

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